Etape 1 : Décrire⚓
Questionnements⚓
1/ Qu'est-ce que cet objet ? Quelles hypothèses pouvez-vous formuler sur son usage ?
2/ Décrivez-le le plus finement possible (forme, matériau, type de fabrication...).
Etape 2 : Comprendre⚓
Principaux signes distinctifs des déportés⚓
La tenue des déportés⚓
Au moment de l'enregistrement dans un camp, les déportés reçoivent le « rayé » : la tenue réglementaire du camp, en treillis, est constituée d'une chemise, d'une veste, d'un caleçon long et d'un pantalon pour les hommes, d'une culotte et d'une robe pour les femmes. Un numéro de matricule est cousu sur le vêtement au niveau de la poitrine. En guise de chaussures, les déportés portent des sabots ou des claquettes à semelles de bois. Cette tenue n'est pas ajustée et, rarement changée, est souillée d'urines et infestée de poux.
Seuls les détenus en contact avec les SS[*] portent des « rayés » propres afin de ne pas les contaminer. En effet, dans le cadre de surpeuplement des camps, les poux occasionnent de nombreux typhus, soit l'apparition de tâches foncées sur la peau des détenus, des maux de tête et des fièvres, des toux, des frissons, de fortes douleurs musculaires. Des centaines de milliers de déportés, telles qu'Anne Frank[*] et sa sœur, en sont morts. Des épouillages sont réalisés mais ils contraignent les prisonniers à rester nus durant la désinfection des baraques et vêtements, ce qui les fragilise davantage.
Par ailleurs, les détenus devant parcourir des distances importantes au cours de la journée, les sabots ou claquettes causent des écorchures qui peuvent s'infecter. Or un déporté qualifié d'inapte au travail par les médecins SS est susceptible d’être exterminé.
Néanmoins, du fait de difficultés croissantes dans l'approvisionnement en tissus et treillis utilisés dans la tenue réglementaire, les autorités SS vont permettre de porter des vêtements civils dans les camps de concentration. Ainsi, dans certains camps tel qu'Auschwitz, en 1943, les tenues de prisonniers précédents, de juifs gazés sont distribuées aux déportés. Mais les prisonniers travaillant en dehors du camp continuent de porter des « rayés » afin de dissuader toute tentative d'évasion.

Témoignage de Jacqueline Péry d'Alincourt sur l'arrivée au camp de Ravensbrück⚓
« Nous sommes dépouillées de tout ce qui rattache à la condition humaine. Vêtements, alliances, les quelques livres que nous avions pu sauver, les plus modestes souvenirs, lettres, photos, tout est confisqué. L'une ou l'autre est tondue au hasard. Nues, parquées, serrées les unes contre les autres, toutes générations confondues, nous allons passer aux douches. Nous évitons de nous regarder. Il faut attendre des heures, immobiles, avant de recevoir la robe rayée de bagnarde, apprendre par cœur en allemand le numéro qui nous est attribué, le coudre sur la manche. Nous n'avons plus de nom. Je deviens le numéro 35243. Un triangle rouge doit être également cousu au-dessus du numéro. Il indique notre catégorie : nous sommes "les politiques".
Maintenant complètement dépouillées, nous allons être enfermées trois semaines dans un bloc de quarantaine. Nous nous levons à trois heures et demie du matin et sortons pour l'appel qui peut durer des heures, debout dans le froid de l'aube, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige. Quand la sirène retentit [...], nous rentrons au bloc, mais l'espace où nous sommes confinées est si restreint que nous ne pouvons jamais nous asseoir. [...] Après cette période d'isolement, nous sommes intégrées dans le fonctionnement général du camp. [...] Je suis affectée avec nombre de camarades de toutes nationalités à des travaux de terrassement. Nous partons le matin, pelle sur l'épaule, harcelées par les gardes et les chiens. [...] Les journées sont de douze heures, avec une pause d'une demi-heure pour la soupe de midi. »
Questionnements⚓
1/ Quels signes distinctifs sont repérables sur la tenue ? Quelles sont leurs significations ?
2/ Que nous apprend la tenue vestimentaire du quotidien des déportés ?
3/ Quels mots-clés retiendriez-vous pour évoquer l'objet sur lequel vous travaillez ?
Etape 3 : Analyser⚓
Jeanne Bétin a porté cette tenue de déportée⚓
Jeanne Bétin travaille à la Kriegsmarine[*] à Rennes, au début de la guerre 1939-1945. Elle n'est pas ravie de travailler pour les Allemands mais, sa mère étant décédée, elle doit subvenir à ses besoins. Son travail consiste à traiter les bons de commande de matériel pour les sous-marins allemands en escale au large des ports français (La Pallice près de la Rochelle, Lorient, Saint-Nazaire...).
En mars 1943, par l'intermédiaire d'une amie qui loge au même foyer pour jeunes filles qu'elle, Jeanne rencontre des Résistants qui lui demandent de lui procurer des renseignements permettant de localiser ces sous-marins et de mesurer leur puissance. Jeanne, ayant connaissance de ces informations inscrites sur les bons de commande, accepte de les diffuser.
Mais son amie se fait arrêter et Jeanne se retrouve sans nouvelle du Réseau. C'est pourquoi le 13 septembre 1943, elle décide de se rendre à l'endroit où elle avait rencontré les Résistants. Le Sipo-SD[*] l'y arrête. Plusieurs attaques sur les sous-marins avaient été réalisées.
Interrogée, frappée, elle est envoyée à la prison Jacques Cartier[*] où elle restera 6 mois avant d'être transférée à Romainville[*] d'où elle est déportée à Ravensbrück[*] le 22 avril 1944 (matricule 35452). Elle y côtoie Geneviève de Gaulle[*], Marie-Jo Chombart de Lauwe[*]. Avec ses codétenues, elle travaille à pousser les wagonnets de terre et de pierres pour assécher le marais. Elle pèse alors moins de 40 kilos. En juin 1944, elle est affectée au kommando[*] « Holleischen » qui dépend en fait du camp de Flossenbürg, dans les Sudètes (actuelle République Tchèque). Les camps de concentration sont souvent constitués d'un réseau de camps annexes. Elle y fabrique des cartouches antichars[*] dans une usine d'armement.
Libérée le 5 mai 1945 à Holleischen par des résistants polonais, elle revient à Rennes en tenue de déportée. Elle est épuisée, maigre et désorientée car elle ne sait pas où aller. Sa belle-mère ne veut pas d'elle. Les déportés peuvent être mal accueillis par ceux qui sont restés en France.
Des Rennais l'orientent vers Laillé : tout comme une douzaine d'hommes, elle est accueillie par Andrée Récipon[*] dans son château pour qu'elle se refasse une santé. Jeanne Bétin y rencontre son mari, René Vandewalle, qu'elle épousera en 1946.
Questionnements⚓
1/ Qui a porté la tenue sur laquelle vous travaillez ? Pourquoi ?
2/ Quel type d'identification du détenu ne retrouve-t-on pas sur cette tenue ?
3/ Pour quelles raisons peut-on être déporté ?
4/ Où est déportée la personne ayant porté la tenue ? Nommez les lieux et tentez d'en expliquer l'organisation.
5/ Qu'est-ce qu'"être déporté(e)" ?
Étape 4 : Préparer la présentation de l'objet⚓
Méthode :
Reprenez les réponses aux questions précédentes et, à partir de vos connaissances, réalisez une carte mentale sur l'objet : le but est de le présenter avec des notes. Vous veillerez à décrire finement l'objet, à préciser sa signification et son utilisation durant la Seconde Guerre mondiale. Votre mission est de faire revivre l'objet, d'en raconter son histoire.
Quelques conseils :
1/ Réfléchissez en surlignant dans vos réponses et prises de notes les mots-clés qui devront apparaître sur la carte mentale. Faîtes ensuite un brouillon et structurez les éléments que vous utiliserez à l'oral.
2/ N'oubliez pas de vous exercer en présentant tour à tour l'objet.
Enfin, vous pouvez bien évidemment effectuer des recherches pour élargir vos connaissances sur "Le quotidien des déportés" ou "Le système concentrationnaire" (quelques acteurs et éléments de lexique peuvent faire l'objet de recherche : kapos, sonderkommandos, camps de concentration, centres de mise à mort, kommandos...).
Attention : Vous devrez présenter oralement l'objet à d'autres élèves et de manière vivante :
- oral court (5 mn), audible, compréhensible, dynamique à l'aide des notes rédigées sous forme de carte mentale
- nécessité de montrer/démontrer ce que l'on avance (appui de l'objet + citer ses sources)