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Déportation


Titre de l'activité : Déportation
Matériels de l'élève

Stylos, crayons de différentes couleurs.

Feuilles vierges / bloc note pour répondre aux questions.

Organisation

A la fin de l'heure, vous devez avoir constitué une carte mentale collective de l'objet. Les questions vous guideront dans la compréhension et l'analyse mais, en fonction du temps imparti, il faut garder à l'esprit que la production de la carte mentale est plus importante que la réponse à chacune des questions. Bon courage !

Etape 1 : Décrire⚓

Questionnements⚓

1/ Qu'est-ce que cet objet ? Quelles hypothèses pouvez-vous formuler sur son usage ?

2/ Décrivez-le le plus finement possible (forme, matériau, type de fabrication...).

Etape 2 : Comprendre⚓

Principaux signes distinctifs des déportés⚓

Principaux signes distinctifs des déportés | Informations[*]
La forme et la couleur des "marques". La première ligne correspond aux couleurs primaires selon "l'identité / le motif de détention du prisonnier" : déporté politique, immigrant, homosexuel, asocial. Puis les badges selon leur unité. Par exemple, il existe des marques spécifiques pour les prisonniers de la division de la Strafkompanie qui est une division où l'on travaille plus dur avec des pauses plus courtes et moins de nourriture. Les juifs doivent porter une étoile.
Identification pour les prisonniers, tableau du camp de concentration de Dachau | Informations[*]

La tenue des déportés⚓

Au moment de l'enregistrement dans un camp, les déportés reçoivent le « rayé » : la tenue réglementaire du camp, en treillis, est constituée d'une chemise, d'une veste, d'un caleçon long et d'un pantalon pour les hommes, d'une culotte et d'une robe pour les femmes. Un numéro de matricule est cousu sur le vêtement au niveau de la poitrine. En guise de chaussures, les déportés portent des sabots ou des claquettes à semelles de bois. Cette tenue n'est pas ajustée et, rarement changée, est souillée d'urines et infestée de poux.

Seuls les détenus en contact avec les SS[*] portent des « rayés » propres afin de ne pas les contaminer. En effet, dans le cadre de surpeuplement des camps, les poux occasionnent de nombreux typhus, soit l'apparition de tâches foncées sur la peau des détenus, des maux de tête et des fièvres, des toux, des frissons, de fortes douleurs musculaires. Des centaines de milliers de déportés, telles qu'Anne Frank[*] et sa sœur, en sont morts. Des épouillages sont réalisés mais ils contraignent les prisonniers à rester nus durant la désinfection des baraques et vêtements, ce qui les fragilise davantage.

Par ailleurs, les détenus devant parcourir des distances importantes au cours de la journée, les sabots ou claquettes causent des écorchures qui peuvent s'infecter. Or un déporté qualifié d'inapte au travail par les médecins SS est susceptible d’être exterminé.

Néanmoins, du fait de difficultés croissantes dans l'approvisionnement en tissus et treillis utilisés dans la tenue réglementaire, les autorités SS vont permettre de porter des vêtements civils dans les camps de concentration. Ainsi, dans certains camps tel qu'Auschwitz, en 1943, les tenues de prisonniers précédents, de juifs gazés sont distribuées aux déportés. Mais les prisonniers travaillant en dehors du camp continuent de porter des « rayés » afin de dissuader toute tentative d'évasion.

Tenue d'un autre déporté (veste et couvre-chef, autrement dit casquette, appelé "muetze" en allemand) | Informations[*]

Témoignage de Jacqueline Péry d'Alincourt sur l'arrivée au camp de Ravensbrück⚓

« Nous sommes dépouillées de tout ce qui rattache à la condition humaine. Vêtements, alliances, les quelques livres que nous avions pu sauver, les plus modestes souvenirs, lettres, photos, tout est confisqué. L'une ou l'autre est tondue au hasard. Nues, parquées, serrées les unes contre les autres, toutes générations confondues, nous allons passer aux douches. Nous évitons de nous regarder. Il faut attendre des heures, immobiles, avant de recevoir la robe rayée de bagnarde, apprendre par cœur en allemand le numéro qui nous est attribué, le coudre sur la manche. Nous n'avons plus de nom. Je deviens le numéro 35243. Un triangle rouge doit être également cousu au-dessus du numéro. Il indique notre catégorie : nous sommes "les politiques".

Maintenant complètement dépouillées, nous allons être enfermées trois semaines dans un bloc de quarantaine. Nous nous levons à trois heures et demie du matin et sortons pour l'appel qui peut durer des heures, debout dans le froid de l'aube, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige. Quand la sirène retentit [...], nous rentrons au bloc, mais l'espace où nous sommes confinées est si restreint que nous ne pouvons jamais nous asseoir. [...] Après cette période d'isolement, nous sommes intégrées dans le fonctionnement général du camp. [...] Je suis affectée avec nombre de camarades de toutes nationalités à des travaux de terrassement. Nous partons le matin, pelle sur l'épaule, harcelées par les gardes et les chiens. [...] Les journées sont de douze heures, avec une pause d'une demi-heure pour la soupe de midi. »

Questionnements⚓

1/ Quels signes distinctifs sont repérables sur la tenue ? Quelles sont leurs significations ?

2/ Que nous apprend la tenue vestimentaire du quotidien des déportés ?

3/ Quels mots-clés retiendriez-vous pour évoquer l'objet sur lequel vous travaillez ?

Etape 3 : Analyser⚓

Jeanne Bétin a porté cette tenue de déportée⚓

Jeanne Bétin travaille à la Kriegsmarine[*] à Rennes, au début de la guerre 1939-1945. Elle n'est pas ravie de travailler pour les Allemands mais, sa mère étant décédée, elle doit subvenir à ses besoins. Son travail consiste à traiter les bons de commande de matériel pour les sous-marins allemands en escale au large des ports français (La Pallice près de la Rochelle, Lorient, Saint-Nazaire...).

En mars 1943, par l'intermédiaire d'une amie qui loge au même foyer pour jeunes filles qu'elle, Jeanne rencontre des Résistants qui lui demandent de lui procurer des renseignements permettant de localiser ces sous-marins et de mesurer leur puissance. Jeanne, ayant connaissance de ces informations inscrites sur les bons de commande, accepte de les diffuser.

Mais son amie se fait arrêter et Jeanne se retrouve sans nouvelle du Réseau. C'est pourquoi le 13 septembre 1943, elle décide de se rendre à l'endroit où elle avait rencontré les Résistants. Le Sipo-SD[*] l'y arrête. Plusieurs attaques sur les sous-marins avaient été réalisées.

Interrogée, frappée, elle est envoyée à la prison Jacques Cartier[*] où elle restera 6 mois avant d'être transférée à Romainville[*] d'où elle est déportée à Ravensbrück[*] le 22 avril 1944 (matricule 35452). Elle y côtoie Geneviève de Gaulle[*], Marie-Jo Chombart de Lauwe[*]. Avec ses codétenues, elle travaille à pousser les wagonnets de terre et de pierres pour assécher le marais. Elle pèse alors moins de 40 kilos. En juin 1944, elle est affectée au kommando[*] « Holleischen » qui dépend en fait du camp de Flossenbürg, dans les Sudètes (actuelle République Tchèque). Les camps de concentration sont souvent constitués d'un réseau de camps annexes. Elle y fabrique des cartouches antichars[*] dans une usine d'armement.

Libérée le 5 mai 1945 à Holleischen par des résistants polonais, elle revient à Rennes en tenue de déportée. Elle est épuisée, maigre et désorientée car elle ne sait pas où aller. Sa belle-mère ne veut pas d'elle. Les déportés peuvent être mal accueillis par ceux qui sont restés en France.

Des Rennais l'orientent vers Laillé : tout comme une douzaine d'hommes, elle est accueillie par Andrée Récipon[*] dans son château pour qu'elle se refasse une santé. Jeanne Bétin y rencontre son mari, René Vandewalle, qu'elle épousera en 1946.

Questionnements⚓

1/ Qui a porté la tenue sur laquelle vous travaillez ? Pourquoi ?

2/ Quel type d'identification du détenu ne retrouve-t-on pas sur cette tenue ?

3/ Pour quelles raisons peut-on être déporté ?

4/ Où est déportée la personne ayant porté la tenue ? Nommez les lieux et tentez d'en expliquer l'organisation.

5/ Qu'est-ce qu'"être déporté(e)" ?

Étape 4 : Préparer la présentation de l'objet⚓

Méthode :

Reprenez les réponses aux questions précédentes et, à partir de vos connaissances, réalisez une carte mentale sur l'objet  : le but est de le présenter avec des notes. Vous veillerez à décrire finement l'objet, à préciser sa signification et son utilisation durant la Seconde Guerre mondiale. Votre mission est de faire revivre l'objet, d'en raconter son histoire.

Quelques conseils :

1/ Réfléchissez en surlignant dans vos réponses et prises de notes les mots-clés qui devront apparaître sur la carte mentale. Faîtes ensuite un brouillon et structurez les éléments que vous utiliserez à l'oral.

2/ N'oubliez pas de vous exercer en présentant tour à tour l'objet.

Enfin, vous pouvez bien évidemment effectuer des recherches pour élargir vos connaissances sur "Le quotidien des déportés" ou "Le système concentrationnaire" (quelques acteurs et éléments de lexique peuvent faire l'objet de recherche : kapos, sonderkommandos, camps de concentration, centres de mise à mort, kommandos...).

Attention : Vous devrez présenter oralement l'objet à d'autres élèves et de manière vivante :

- oral court (5 mn), audible, compréhensible, dynamique à l'aide des notes rédigées sous forme de carte mentale

- nécessité de montrer/démontrer ce que l'on avance (appui de l'objet + citer ses sources)

Glossaire

  • Andrée Récipon

    Andrée Récipon s'est installée vers 1912 dans le château de Laillé pour le restaurer. Elle s'est engagée infirmière à Paris pendant la Première Guerre mondiale.

    En 1940, à 55 ans, elle fait de sa propriété un îlot de Résistance où elle cache des prisonniers de guerre évadés, des personnes traquées par la Gestapo, des réfractaires au STO (Service du travail Obligatoire en Allemagne).

    Andrée Récipon est membre du mouvement « Libération Nord » et fait partie du réseau « Bordeaux-Loupiac », qui se charge de cacher et d'envoyer en Grande-Bretagne les aviateurs et parachutistes alliés tombés sur le territoire français. Prévenue à temps qu'elle va être arrêtée par la Gestapo, elle s'enfuit et devient agent de liaison de l'Armée Secrète.

    Dès la fin de la guerre, elle rentre à Laillé où elle devient Conseillère Municipale. Elle organise une maison de repos pour les anciens déportés rescapés des camps de concentration et d'anciens prisonniers de guerre. Elle accueille même chez elle plusieurs déportés.

  • Anne Frank

    Adolescente allemande, connue pour son journal intime, racontant pendant deux ans le quotidien de sa famille qui s'est cachée, durant l'Occupation allemande, à Amsterdam afin de ne pas subir le sort réservé aux Juifs. Déportée à Auschwitz puis Bergen-Belsen, elle y mourra du typhus.

  • cartouches antichars

    Cartouches utilisées dans les fusils antichars : elles permettent de percer le blindage de chars légers. Ces fusils ont été inventés par les Allemands qui ont subi la menace des chars alliés pendant la Première Guerre mondiale.

  • Geneviève de Gaulle

    Résistante française, nièce de Charles de Gaulle. Elle fut déportée en 1944 au camp de Ravensbrück. Libérée, elle milita pour les droits de l'homme et la lutte contre la pauvreté.

  • Kommando

    Un kommando est une unité de travail forcé.

    Le kommando peut être interne au camp (carrière, construction, terrassement, filature...) ou externe (c'est notamment le cas de détenus rattachés à un camp de concentration principal mais travaillant hors du camp, autrement dit dans un camp de travail annexe). Les camps de concentration ainsi que les camps de prisonniers de guerre incluent des kommandos.

  • Kriegsmarine

    Marine de guerre allemande, sous le Troisième Reich, entre 1935 et 1945.

  • Marie-Jo Chombart de Lauwe

    Alors qu'elle étudiait la médecine à Rennes, Marie-Jo Chombart de Lauwe cachait des Anglais et permettait leur évasion. Elle leur fournissait également des renseignements sur les défenses allemandes. Elle devint membre du Réseau Georges France 31 .

    Trahie par un agent double, Marie-Jo Chombart de Lauwe fut déportée à Ravensbrück. Elle travailla dans l'usine Siemens du camp puis fut affectée à la Kinderzimmer (la chambre des enfants). Elle assista à la stérilisation des femmes tsiganes et aux expérimentations médicales menées par les médecins nazis sur les jeunes résistantes polonaises.

    À la Libération, Marie-Jo témoigna contre le commandant du camp de Ravensbrück et devint sociologue.

  • prison Jacques Cartier

    Prison de Rennes, devenu lieu de détention de résistants bretons pendant la Seconde Guerre mondiale, avant qu'ils ne soient envoyés en Allemagne.

  • Ravensbrück

    Ville allemande, située au nord de Berlin, où fut implanté le deuxième plus grand camp de concentration, après celui d'Auschwitz-Birkenau. Ce camp de concentration était spécialement réservé aux femmes. Après 1941, un camp plus petit réservé aux hommes fut construit.

    Le 5 décembre 1942, la population du camp se compose de 10 800 détenus, hommes, femmes et enfants (environ 400). 6 000 femmes sont utilisées dans des usines d'armements, ou louées comme ouvrières agricoles.

    Plan du camp : http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/plan/NAZIPLANRAVE0001.jpg

    Photographie de femmes au travail : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bundesarchiv_Bild_183-1985-0417-15,_Ravensbr%C3%BCck,_Konzentrationslager.jpg

  • Romainville

    Ville de Seine-Saint-Denis, en Ille-de-France, dont le fort devient un camp d'internement des opposants à l'Occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Il est un des principaux lieux de transit avec Compiègne vers les camps de concentration nazis pour les déportés.

  • Sipo-SD

    La Gestapo, acronyme de Geheime Staatspolizei ("police d'État secrète"), est une police politique de l'Allemagne nazie, en partie constituée d'anciens policiers et de criminels. Son rôle est de combattre les opposants politiques au régime nazi. Elle pourchasse les résistants mais également les personnes d'origine juive dans le IIIe Reich.

    En France, pays occupé, il s'agit du Sipo-SD (Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst : police de sûreté-service de sûreté). Le terme SD peut être utilisé seul.

    La Feldgendarmerie est l'autre force allemande qui intervient pour les arrestations. Elle est l'équivalent de la police militaire.

  • SS

    SS est l'abréviation de l'allemande Schutzstaffel, "échelon de protection".

    Créée en 1925 pour la protection rapprochée d'Hitler, elle devient une des principales organisations du parti nazi. Ses rôles ont été politique, policier et militaire. Des SS sont également chargés de la gestion des camps de mise à mort. A savoir : la branche militaire de la SS est connue sous le nom de Waffen-SS.

Renvois & Notes

  • Informations
    Auteur(s) : 
    • FNDIRP, Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes, ouvrage La Déportation
  • Informations

    Tableau des marques de prisonniers provenant de Dachau (Allemagne), datant de la période 1938-1942.

    On le retrouve aujourd'hui au United States Holocaust Museum Washington.

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  • Informations

    Tenue transmise par l'ANACR35 et l'ADIRP35.

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  • A propos de Déportation
    Auteur(s) : 
    • Cécile Gaillard
      Professeur d'histoire-géographie, Lycée René Cassin, Montfort-sur-Meu Académie de Rennes
    • Caroline Regnault
      Professeur d'histoire-géographie, Médiatrice, Atelier Canopé 35 - Rennes
    • Alain Linarès
      Professeur d'histoire-géographie, Lycée Jean Brito, Bain de Bretagne Académie de Rennes
    Licence : CC - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions

  • Etape 1 : Décrire
    • Etape 2 : Comprendre
      • Etape 3 : Analyser
        • Étape 4 : Préparer la présentation de l'objet
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