

David Przybysz, père de la famille, s'engage en septembre 1939 pour défendre la France, la nation qui l'a accueilli.
PRZYBYSZ David. Juif, né le 17 juin 1904 à Gojec (Pologne). Maroquinier[*].
Arrêté le 16 juillet 1942 à La-Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), il est déporté par le convoi n° 8 de Angers vers Auschwitz le 20 juillet 1942. Deux informations contradictoires sur la fin de sa vie : David Przybysz serait mort le 25 juillet 1942 à Auschwitz ou le 3 mars 1945 dans le camp de Mauthausen.
PRZYBYSZ Chana. Juive, née le 22 juin 1906 à Varsovie (Pologne).
Arrêtée à La-Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) le 9 septembre 1943, elle est déportée le 7 octobre 1943 par le convoi n° 60 parti de Drancy vers Auschwitz et est décédée le 12 octobre 1943.
PRZYBYSZ Charles. Né le 23 septembre 1930 à Paris.
Arrêté le 9 septembre 1943 à La-Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), il est déporté par le convoi n° 60 de Drancy vers Auschwitz le 7 octobre 1943. Mort le 12 octobre 1943.
PRZYBYSZ Hélène. Née le 15 avril 1933 à Paris.
Arrêtée à La-Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) le 9 septembre 1943, elle est déportée le 7 octobre 1943 par le convoi n° 60 parti de Drancy vers Auschwitz. Morte le 12 octobre 1943.
Étape 1 : Décrire⚓
1/ Quels sont les documents en votre possession ? Quelles hypothèses pouvez-vous formuler sur leur usage ?
2/ Décrivez-les le plus finement possible.
Étape 2 : Comprendre⚓
La famille Przybysz et la question juive durant la Seconde Guerre mondiale⚓
Polonais, David et Chana Przybysz vivent à Paris, depuis 1929. Ils ont deux enfants : Charles, né en 1930, et Hélène, née en 1933. Nés en France, Charles et Hélène sont donc Français.
En 1939, David s'engage dans le régiment des volontaires étrangers de l'armée française pour se battre contre l'armée allemande. Comme beaucoup de personnes qui participent à l'exode[*] face à l'avancée des troupes allemandes, Chana et ses deux enfants se réfugient alors à La Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) où vivent, depuis 1937, leurs cousins, sans enfant, Motel et Gitta Rotbart. Une fois démobilisé, David les rejoint à l'été 1940.
Les Przybysz habitent rue Neuve et les Rotbart, rue de Rannée (actuelle rue de Nantes). Les enfants vont à l'école comme les autres. Les Rotbart ont une boutique de confection, Motel est fourreur[*] de métier. David Przybysz est maroquinier et Chana obtient une carte de commerce ambulant mais pas d'autorisation d'exercer.
Les deux familles subissent à partir du décret du 3 octobre 1940 les lois anti-juives imposées par les autorités françaises et allemandes : interdiction de posséder un poste de radio, fermeture et liquidation du commerce, recensement et mention « Juif » sur les papiers d'identité, port de l'étoile jaune (pour tous les Juifs de plus de 6 ans), interdiction de fréquenter les salles de spectacle et à partir d'août 1942, déchéance de nationalité française pour les enfants. Des hommes juifs étrangers sont visés par des rafles en 1941.
Dès juin 1942, l'arrestation de milliers de Juifs est décidée, sans considération de la nationalité ou de l'âge. Des rafles[*] sont organisées par les autorités, notamment en région parisienne. Le 16 juillet 1942, Les Rotbart et David sont arrêtés et déportés. Chana, enceinte, est épargnée, ainsi que ses deux enfants. Le mari et les cousins font partie du convoi n° 8 qui part d'Angers pour Auschwitz, le 20 juillet 1942. En octobre de cette même année, Chana accouche d'une petite fille, Dolly, ce qui évite une arrestation lors d'une seconde rafle.
Mais le 9 septembre 1943, Chana, Charles et Hélène sont à leur tour arrêtés par la gendarmerie puis déportés. Lors de leur arrestation, leur voisine et amie, Mme Ubeda, a pris dans ses bras le bébé en disant vraisemblablement à l'officier de gendarmerie “Regardez, c'est un bébé, vous ne pouvez pas l'emmener”. L'officier aurait répondu : “Eh bien, gardez-le !” . Dolly, alors âgée de onze mois, est sauvée et confiée aux voisins, M. et Mme Ubeda. Aucun membre de la famille Przybysz déporté ne reviendra des camps.
En Ille-et-Vilaine, 139 déportés juifs vers les centres de mise à mort ont été recensés dont 24 enfants et adolescents de 9 mois à 16 ans. Parmi les 250 déportés juifs de la Bretagne (207 adultes et 43 enfants), il n'y eut que 8 survivants : 6 adultes (3 femmes : Judith Sigoura, Béatrice Eingelstein et Rachel Benzon ; 3 hommes : Aron Ryze, Hermann Avram et Jacques Katz) ; 2 adolescents (Jacques Zilbermine et Samy Mizrahi).
Dolly, qui fait partie des Juifs cachés ou protégés, sera, par la suite, adoptée par les Ubeda et baptisée. Elle ne connaîtra son histoire que plusieurs années plus tard.
Questionnements⚓
1/ Retracez la chronologie de l'histoire de la famille Przybysz.
2/ Décrivez l'évolution des sanctions envers la population juive. Quels sont les objectifs et résultats de ces sanctions ? Qui décide et applique ces sanctions ?
Étape 3 : Analyser⚓

Itinéraire d'un survivant⚓
Au bout de trois jours de voyage, atroces, dans les wagons[*] [...], des cris, des pleurs, nous étions 70-80 ; on a ouvert, des cris, des chiens : « Los ! Los ! Raus ![*] ».
On ne savait pas ce qu'il nous arrivait [...] L'endroit s'appelait Kosel[*]. Mon frère et moi avons sauté du wagon. Mon père est resté avec ma mère, mes frères et sœurs [...]. Quand j'ai tourné la tête, mon père, je crois qu'il m'a béni...
Nous sommes descendus à 160 pour un camp de travail. Nous travaillions pour faire l'autoroute Berlin-Moscou, des travaux durs : soit les rails, soit le béton, soit le ciment, soit le sable...
De là, nous sommes partis à Blechammer [...]. L'hiver 42-43 a été le plus dur, il faisait -25° à -30°, nous étions habillés en petite veste. Je travaillais au béton, je prenais des sacs de ciment et je me mettais le papier sur le corps. On avait des sabots de bois [...]. Le plus dur, le matin, c'était l'appel avant de sortir travailler. On restait deux heures debout [...] . Des gens tombaient de froid, il fallait tenir. En rentrant du travail, le chef de bloc nous faisait courir [...] et nous tapait dessus.
On a eu énormément de décès, par le froid, la faim, les coups...
Début 44, j'ai eu le doigt coupé en poussant un wagonnet, j'ai glissé et crevé un sac de ciment. Un Kapo[*] allemand m'a mis un coup, je suis tombé KO...[...]. Je suis resté à l'infirmerie du camp [...].
On nous a mis dans un petit camp, c'était un camp de transit pour Birkenau. Un Juif turc qui travaillait là m'a sorti de la baraque. Le lendemain matin, les 400 camarades ont été directement à la chambre à gaz [...]
Dans un nouveau camp, je suis resté malade du typhus 8 à 9 semaines [...]. Sur 1200, on est resté 100 à 120 survivants. Là, il n'y avait pas de crématoire[*] ni de chambre à gaz : des trous, on jetait les morts et de la chaux par-dessus [...].
Puis nous sommes arrivés à Birkenau [...] : cette odeur et ce bruit de vent constamment dans la tête, le crématoire brûlait, ça brûlait, ça brûlait [...].
On m'a mis au Scheisskommando[*], c'était bien car on n'y faisait pas l'appel et on trouvait pleins de choses à échanger, « à organiser[*] », dans les excréments...
Complément : Source du texte
Extrait du témoignage oral de Samuel Adoner[*], "Survivors of the Shoah" (fondation fondée par Steven Spielberg), 1995.
Témoignage recueilli en avril 1995 par la Survivors of the Shoah Visual History Foundation, basée à Los Angeles.
Interview complet : https://www.youtube.com/watch?v=fsDgqB64T1A.
Extrait cité sur le site des Clionautes (in "Ensemble d'archives tentant de retranscrire, de l'origine de la rafle au témoignage d'un survivant, le parcours d'une famille juive, les Adoner", 13. Camps d'extermination et de concentration, Christophe Clavel, 26 août 2015. Licence CC BY-NC-SA 4.0. Article consulté le 13/05/2018).
Description du centre de mise à mort par un survivant⚓
Treblinka a été conçu de manière professionnelle. Au premier coup d'œil l'on pourrait croire qu'il s'agit d'une gare ordinaire. Le quai est suffisamment long pour accueillir un train normal, pouvant compter jusqu'à quarante wagons.
A quelques mètres du quai, deux baraques se font face. Dans celle de droite, on emmagasine la nourriture que les gens ont apportée dans leurs bagages. Dans celle de gauche, les femmes se déshabillent. [...]
A droite du quai, le vaste espace réservé à l'empilement des vêtements : chaussures, habits, draps, couvertures, etc. Des détenus trient les vêtements et les stockent dans un lieu à part en attendant qu'ils soient expédiés en Allemagne.
L'accès aux chambres à gaz commence face au quai où se trouvent les dortoirs. On l'appelle le «Schlauch[*]». Planté d'arbustes, il ressemble à l'allée d'un jardin public. Les gens qui l'empruntent doivent courir, nus. Personne n'en revient. Ils sont violemment matraqués et piqués à coups de baïonnette, si bien qu'une fois qu'ils sont passés, cette allée de sable blanc est couverte de sang. [...]
Au bout du Schlauch, on entre dans un bâtiment blanc marqué d'une grosse étoile de David. [...] La chambre à gaz mesure sept mètres sur sept. Au milieu de la pièce, il y a des pommeaux de douche, par lesquels le gaz arrive. [...] le bâtiment compte dix chambres à gaz comme celle-ci [...]. A la porte, des SS[*] poussent les gens vers l'intérieur. [...]
Complément : Source du texte
Chil Rajchman[*], Je suis le dernier Juif, Treblinka (1942-1943), éditions des Arènes, 2009, Paris.
Extrait cité sur le site des Clionautes (in "Treblinka", 13. Camps d'extermination et de concentration, Christophe Clavel, 26 août 2015. Licence CC BY-NC-SA 4.0. Article consulté le 13/05/2018).
Questionnements⚓
1/ Où se trouvent les centres de mise à mort ?
2/ Comment sont exterminés les déportés juifs dans les centres de mise à mort ?
3/ Quels sont les types de camps mentionnés dans les témoignages ?
4/ Quelles sont les conditions de vie et de travail pour les survivants travaillant dans les centres de mise à mort ?
Étape 4 : Préparer la présentation de l'objet⚓
Méthode :
Reprenez les réponses aux questions précédentes et, à partir de vos connaissances, réalisez une carte mentale sur les documents : le but est de les présenter avec des notes. Vous veillerez à les décrire finement, à préciser leur signification et utilisation durant la Seconde Guerre mondiale. Votre mission est de raconter l'histoire des documents.
Quelques conseils :
1/ Réfléchissez en surlignant dans vos réponses et prises de notes les mots-clés qui devront apparaître sur la carte mentale. Faîtes ensuite un brouillon et structurez les éléments que vous utiliserez à l'oral.
2/ N'oubliez pas de vous exercer en présentant tour à tour l'objet.
Enfin, vous pouvez bien évidemment effectuer des recherches pour élargir vos connaissances sur "Le quotidien des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale et leur extermination".
Attention : Vous devrez présenter oralement l'objet à d'autres élèves et de manière vivante :
- oral court (5 mn), audible, compréhensible, dynamique à l'aide des notes rédigées sous forme de carte mentale
- nécessité de montrer/démontrer ce que l'on avance (appui de l'objet + citer ses sources)