Étape 1 : Décrire⚓
1/ Que sont ces objets ? Quelles hypothèses pouvez-vous formuler sur leur usage ?
2/ Décrivez-les le plus finement possible.
Étape 2 : Comprendre⚓
Le rationnement⚓
Qu'elle soit agricole ou industrielle, la production française, désorganisée, chute après la défaite de la France en juin 1940. Tout d'abord, alors qu'elle doit payer un lourd tribut à l'Allemagne, la France voit son territoire se restreindre. Il est en outre découpé entre une zone occupée au Nord, plus industrielle et agricole, et une zone non occupée - jusqu'au 11 novembre 1942 - au Sud. Par ailleurs, l'économie est paralysée par le manque de main d’œuvre du fait du nombre de prisonniers français en Allemagne (1 850 000 Français en 1940) et des réquisitions faisant suite aux directives allemandes (plus de 600 000 hommes contraints de travailler en Allemagne entre 1942 et 1945).
Mais surtout, les autorités allemandes prennent possession de sociétés de distribution et d'entreprises industrielles. Qui plus est, elles prélèvent ou sont prioritaires dans l'achat des produits français qui partent en grande partie pour le Reich.
Afin de gérer la pénurie, un système de rationnement[*] est organisé dès l'été 1940, permettant au gouvernement[*] de recenser les ressources, de contrôler les quantités distribuées, de servir en priorité les exigences allemandes et de répartir le reste équitablement selon les besoins des Français. Un ministère du Ravitaillement est créé. Des cartes d'alimentation, nominales, sont délivrées par les mairies suivant les listes communales et la catégorisation de la population ouvrant droit aux différentes rations.
Chaque catégorie est identifiée par une lettre : E pour enfants de moins de 3 ans, F pour femmes enceintes, J1 J2 J3 pour enfants et adolescents jusqu'à 21 ans, C pour cultivateurs, T pour travailleurs de force, V pour vieillards et A pour adultes non prioritaires. Ainsi, les enfants ont plus de sucre et de chocolat, mais moins de pain qu'un adulte ou un travailleur de force qui lui seul a droit à du vin.
Au recto de la carte d'alimentation est visible l'identité du détenteur ; sur son verso sont consignées les instructions. L'intérieur peut contenir une feuille de coupons renouvelable semestriellement. Ces coupons sont parfois échangés contre un produit directement dans le commerce. Mais surtout, ils permettent de retirer chaque mois à la mairie des tickets de consommation ou des cartes par produit rationné.
Le numéro attribué par coupon est lié au produit et à l'ordre d'utilisation : un arrêté préfectoral détermine la date à laquelle peut être utilisé le coupon (un coupon par mois). Les familles s'informent par la presse.
Les tickets ou feuillets des cartes de rationnement sont conservés par les commerçants qui les envoient en fin de mois en préfecture afin de pouvoir se réapprovisionner auprès de leurs fournisseurs. D'ailleurs, la carte de rationnement contient le cachet du commerçant attitré.
Enfin, d'autres moyens sont utilisés par le gouvernement pour limiter la consommation. Prenons l'exemple des jours de fermeture contraints pour les boulangeries et l'interdiction de vendre pain frais et croissant.
Questionnements⚓
1/ Comment peut-on expliquer la pénurie qui touche la France dès 1940 ?
2/ Comment et par qui est gérée cette pénurie ? Cette gestion semble-t-elle égalitaire ?
Étape 3 : Analyser⚓
Les dysfonctionnements du système de rationnement⚓
En Ille-et-Vilaine, le rationnement, perçu comme un instrument d'équité et de lutte contre la spéculation, est d'abord favorablement accueilli. Mais les tickets de rationnement ne font qu'autoriser l'achat ; ils n'exonèrent pas du paiement et ne promettent pas que le produit soit disponible !
Or, les produits de première nécessité tels que le pain, la viande, le beurre mais aussi les médicaments, le textile, le cuir manquent tout comme les matières premières, notamment le charbon (les Français auront froid lors des hivers rigoureux des années 1942 et 1943) et l'essence. Ajouté aux réquisitions d'automobiles et aux autorisations obligatoires pour circuler, le vélo devient le principal moyen de transport durant la période.
L'Ille-et-Vilaine, département aux ressources agricoles excédentaires avant la guerre, connaît dès l'automne 1940, de sérieux problèmes de ravitaillement, liés à la baisse de la production, aux nombreuses réquisitions allemandes, à l'envoi de la production vers les grandes villes et régions déficitaires mais aussi au défaut d'acheminement des denrées. Ainsi, les habitants d'Ille-et-Vilaine déplorent la rareté du beurre, du lait, des œufs, des légumes et de la viande.
Dans les grandes villes françaises, les magasins se vident, les prix s'envolent et il faut faire la queue devant les boutiques pour espérer être alimenté. Les cafés ont l'interdiction de servir du sucre. Les tickets sont procurés au restaurant par le client ou apportés par les invités pour le repas chez des amis.
Bien que différente selon les espaces, la situation s'aggrave en 1943 : le manque de produits est tel que de nombreux coupons ne sont pas utilisés. La ration alimentaire journalière d'un Français moyen est alors de 1800 calories par jour. En région parisienne, elle n'atteint que 1200 calories. En comparaison, la moyenne des pays développés en ce début de XXIe siècle est de 3200 calories par jour. Ainsi, en Ille-et-Vilaine comme ailleurs, la population est touchée par des carences alimentaires.
Au regard des difficultés, les Français s'organisent : c'est ce qu'on appelle le système D comme "Débrouille". Les "colis familiaux" sont autorisés, les citadins - notamment en Bretagne - cherchent à s'approvisionner directement à la ferme. Ils convertissent leurs jardins en jardins potagers et élèvent des lapins. On fait aussi du troc, lorsqu'on a quelque chose à échanger. Mais la population a surtout recours à l'économie de la récupération et aux produits de remplacement, dits ersatz. Les rutabagas et les topinambours, auparavant destinées au bétail, remplacent les pommes de terre réquisitionnées par les Allemands. Le café est réalisé avec des glands, les chaussures sont en bois...
D'autre part, le marché noir prolifère : ce commerce illégal permet de se procurer ou de vendre des produits à des prix généralement très élevés. Il constitue donc pour certains un excellent moyen de s'enrichir. Un marché gris, permettant de s'approvisionner à des coûts moins élevés, est toléré : il permet aux familles de survivre.
En lien ou non avec le marché noir ou le marché gris, les fraudes sont multiples : dissimulations, ventes en dehors du marché sans tickets ni autorisations, vols, trafic de cartes d'alimentation ou de tickets de rationnement. Certains trafics sont réalisés avec la duplicité des Allemands qui possèdent des bureaux d'achats semi-clandestins.
Par conséquent, le système de rationnement est également entaché par des motivations personnelles. Concluons par l'exemple de certains agriculteurs bretons qui, parce qu'ils ne souhaitent pas que l'occupant en bénéficie ou parce qu'ils préfèrent les diffuser via le marché noir, ne livrent pas les quantités demandées.
Questionnements⚓
1/ Relevez les différents produits manquants pendant l'Occupation.
2/ Comment définiriez-vous le quotidien de la majorité des Français pendant l'Occupation ?
3/ Pourquoi le système de rationnement dysfonctionne-t-il ?
4/ Quelles catégories de la population peuvent alors s'opposer dans la société française ?
Étape 4 : Préparer la présentation de l'objet⚓
Méthode :
Reprenez les réponses aux questions précédentes et, à partir de vos connaissances, réalisez une carte mentale sur les objets : le but est de les présenter avec des notes. Vous veillerez à les décrire, à préciser leur signification et leur utilisation durant la Seconde Guerre mondiale. Votre mission est de faire revivre ces objets, d'en raconter l'histoire.
Quelques conseils :
1/ Réfléchissez en surlignant dans vos réponses et prises de notes les mots-clés qui devront apparaître sur la carte mentale. Faîtes ensuite un brouillon et structurez les éléments que vous utiliserez à l'oral.
2/ N'oubliez pas de vous exercer en présentant tour à tour l'objet.
Enfin, vous pouvez bien évidemment effectuer des recherches pour élargir vos connaissances sur "La vie quotidienne durant la Seconde Guerre mondiale".
Attention : Vous devrez présenter oralement l'objet à d'autres élèves et de manière vivante :
- oral court (5 mn), audible, compréhensible, dynamique à l'aide des notes rédigées sous forme de carte mentale
- nécessité de montrer/démontrer ce que l'on avance (appui de l'objet + citer ses sources)